U CATINACCIU DI SARTÈ

LA PROCESSION DU « CATINACCIU »

Le soir du Vendredi Saint à Sartène, citée moyenâgeuse du sud de la Corse, dans la plus corse des villes corses » disait Prosper Mérimée, se déroule la procession du «Catenacciu, ou «Catinacciu en sartenais»  (vocable qui en corse veut dire «porteur de chaines », « homme enchainé »)

L'une des plus anciennes traditions religieuses de Corse.

L'origine de cette manifestation, qui est très controversée, se perd dans les méandres de l'histoire. Elle semble cependant trouver ses origines dans la complémentarité des trois événements de l'époque médiévale insulaire qui sont : l'arrivée des franciscains au XIII siècle, dans la région (apparition des chemins de croix), l'influence aragonaise (les aragonais bâtirent les remparts actuels de la vieille ville) et l'apparition des confréries de pénitents (nombreuses confréries  existent encore sur l'ile).

"Cette procession figure la Passion du Christ par un chemin de croix, qui se perpétue d'année en année, à travers les vieilles ruelles de la cité."

Un homme vêtu d'une aube et d'une cagoule rouges, porte sur ses épaules une croix en chêne massif de 34 kg et traine à ses pieds de lourdes chaines (16 kg) et comme le supplicié de Ponce Pilate, il chute trois fois durant sa « pérégrination ».

C'est le « Catinacciu », le pénitent principal, représentant le Christ dans sa montée au Golgotha. Ses motivations pour accomplir cette terrible épreuve sont diverses et s'articulent autour de quatre thèmes: la réalisation d'un acte de foi, l'accomplissement d'un vœu, le remerciement d'une grâce reçue ou l'expiation de fautes gravissimes. Ayant attendu de nombreuses années, l'honneur de porter la Croix, le « Catenacciu » se prépare à la cérémonie par une retraite spirituelle au couvent franciscain des Saint Côme et Damien.

Le pénitent habillé de blanc qui l'accompagne, représente « Simon de Cyrène, et comme il y a plus de 2000 ans, il aide le « Catinacciu » à accomplir son calvaire. Il représente la solidarité humaine.

Derrière ces deux hommes, huit autres pénitents, habillés de noir, symbolisant les « juifs », portent un « Christ gisant » dans son linceul, surmonté d'un baldaquin.

Les dix pénitents sont tous des hommes et participent à la procession, les pieds nus.

Tous sont assistés par la clergé et la confrérie Del Santissimo Sacramento qui exécutent, durant toute la procession des chants lancinants, des litanies pénitentielles, le «Perdonno », le « Miserere », le « Crocifisso ».

A l'issue de la procession, les pèlerins venus du monde entier, écoutent le sermon du Père prédicateur et reçoivent, dans un grand recueillement, la bénédiction pascale, lis se recueillent également dans le choeur de l'église Sainte Marie, sont agenouillés à l'autel, les acteurs de cette émouvante cérémonie. Lorsque le dernier pèlerin se sera ainsi prosterné, les pénitente quitteront alors la nef.

Le « Catenacciu » et le pénitent blanc seront ramenés par M. le Curé dans leur cellule respective du couvent franciscain des Saint Côme et Damien.

Aujourd'hui, l'anonymat dos pénitents sont toujours préservé et les postulants et revêtir « l'habit de lumière » du « Catenacciu » sont si nombreux qu'i n'y aurait, semble-t-il, plus de places vacantes pour plusieurs années.

Texte : © A Cumpania Del Santissimo Sacramento / Photos : © Grichka BEYSSON-LEANDRI

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Photos du Catinacciu 2024


















PHOTOS D'ARCHIVE DU CATINACCIU AU FIL DU TEMP...

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